Une société vraiment équitable ne verra le jour que quand les hommes auront réellement le choix entre la carrière et la vie de famille.

Les 50 dernières années ont été marquées par les mouvements féministes dont l’ambition était d’atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes.

Un moyen de mesurer la progression consiste à compter le nombre de femmes occupant des postes de CEO, chefs d’entreprise, directeurs, managers, premiers ministres, présidents, lauréats de prix Nobel… Même si les chiffres sont encourageants par rapport aux années 70, ils continuent à évoluer lentement, trop lentement.

Qu’est-ce qu’on entend par égalité hommes femmes aujourd’hui ?

Les mentalités au travail doivent changer …

Au travail, une réelle égalité veut dire considérer la famille comme étant aussi importante que le travail et comprendre que l’un renforce l’autre. Aujourd’hui encore les entreprises ont du mal à reconnaître leurs salariés en tant que parents. Pourtant les compétences développées pour prendre soin de sa famille renforcent les compétences au travail. S’occuper des autres développe la patience, l’empathie, la créativité et les facultés d’adaptation. Les salariés qui ont une raison pour rentrer à la maison sont plus concentrés, plus efficaces, plus axés sur les résultats.

Les sociétés qui gagnent des prix pour la flexibilité du lieu de travail l’ont bien compris, elles font partie également des entreprises les plus prospères.

Et pourtant, quand un homme souhaite prendre son congé paternité, on lui signifie qu’à un certain niveau cela ne se fait pas. Les « respirations professionnelles » sont encore considérées comme taboues. Le refus de participer à des réunions tardives ou de négocier certains déplacements professionnels est toléré pour les femmes, incompréhensible pour les hommes.

Si changer les mentalités dans l’entreprise est une voie vers une véritable égalité, réhabiliter socialement l’homme en est une autre.

Grâce au mouvement féministe, les femmes ont désormais le choix de travailler ou de rester à la maison, ou une combinaison des deux. Mais les hommes sont encore là où ils ont toujours été. Ils entretiennent toujours l’idée qu’ils doivent être le pilier de famille, qu’ils doivent rapporter à la maison le salaire principal, et que le salaire de madame est seulement un complément (parfois indispensable…).

La majorité des hommes pense encore que l’origine de leur confiance en eux est leur capacité à rentrer dans la compétition avec d’autres hommes pour le pouvoir et le prestige. D’un autre côté cette image est relayée par les femmes qui jugent le charme d’un homme en grande partie sur son succès dans sa carrière. Une femme au chômage peut encore être une partenaire attirante, un homme au chômage, c’est moins sûr !!!

La société n’est toujours pas habituée à ce que les hommes s’impliquent dans leur paternité. Quand l’enfant est malade, ce sont les mères qu’on appelle dans l’immense majorité des cas. Ce n’est qu’en dernier recours qu’on sollicite le père, et encore, en s’excusant de l’avoir « dérangé » !!! Un père qui travaille chez lui et qui du coup se retrouve à la sortie de l’école est souvent suspecté d’être au chômage. Certaines maîtresses dans les maternelles parlent encore de l’heure de sortie comme étant l’heure des « mamans » !!!

Faire évoluer les mentalités est un travail de longue haleine, mais chacun doit y prendre part en mettant le débat sur la place publique, en faisant sauter les tabous.

La véritable égalité hommes femmes viendra quand les hommes auront le choix, eux aussi, entre la carrière, la famille ou une combinaison des deux.

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