Dans cet article je vais partager avec vous l’analyse faite par Guy Corneau du rôle du père dans la construction de l’identité féminine. En lisant son livre N’y a-t-il pas d’amour heureux ? et plus particulièrement le chapitre « Père et fille, l’amour en silence » je me suis dit que je pourrais vous faire profiter de certains extraits qui m’ont permis de comprendre pourquoi tant de femmes ont une estime de soi aussi faible.
L’idée n’est pas de jeter un blâme généralisé sur les pères mais de comprendre les blessures du passé et leur impact sur le présent et de se libérer de croyances et conditionnements néfastes.
Car une partie du malaise que les femmes vivent dans leur vie professionnelle et amoureuse vient de la déficience des rapports entre pères et filles.
« Les miroirs que nos parents nous ont tendus à travers leurs gestes, leurs regards, leur présence, leur intérêt sont des éléments essentiels de la fondation d’une saine estime de soi. Pour avoir la capacité d’aimer et de s’aimer, il faut avoir senti que l’on nous aimait. L’amour que nous nous accordons est une composante fondamentale de notre identité.
Cet amour de soi permet à un être d’avoir confiance en lui-même, d’être fidèle aux parties de lui que les autres n’apprécient pas et de se tenir debout dans l’adversité. »
Quel est le rôle du père dans la construction de l’identité féminine ?
Au départ, il y a un vide …
« Selon Christiane Olivier, psychanalyste, la vie de la petite fille démarre sur un véritable vide d’identité car elle ne peut se reconnaitre ni dans son père ni dans sa mère, ne possédant les attributs sexuels d’aucun de ses parents.
Le silence du père, le manque d’implication dans son éducation, les expressions machistes, les attitudes non verbales sera interprété par la petite fille par « il ne me parle pas parce que je ne suis pas assez intelligente, pas assez belle, pas assez intéressante, je ne suis pas à la hauteur… » .
Et plus le temps passe, plus le vide se remplira de convictions négatives, la jeune fille se sentira coupable du silence paternel et continuera à se déprécier.
Quand une femme a terriblement manqué d’attention de la part de son père elle a besoin du regard d‘un homme pour confirmer sa propre existence. La négligence paternelle l’a laissée dans un vide intérieur et un manque de confiance en elle-même qui la rendent esclave de son besoin de plaire et d’être désirée. Lorsqu’un être porte un tel vide, il passe sa vie à demander aux autres de lui confirmer son existence.
Selon la psychanalyste Marie Louise Von Franz une fille qui n’a pas été nourrie par le sentiment paternel, une fille demeurée insatisfaite sur le plan affectif risque d’être possédée par un intellectualisme destructeur, elle risque de devenir ambitieuse et froide. Elle deviendra efficace et calculatrice. »
La distance juste entre un père et sa fille
« La plupart du temps le père souhaite par sa réserve protéger sa fille contre ses désirs éventuels. Mais cette réserve, et surtout le silence qui l’entoure peuvent aussi avoir des effets négatifs.
Quand démarre l’adolescence de sa fille, le père ne sait plus ou n’arrive plus à lui dire « tu es belle et je veux que tu saches que je t’aime ». Ces silences peuvent agir comme de véritables violences qui peuvent blesser la jeune femme en devenir.
Lorsque le père n’est pas complètement absorbé par son travail, lorsqu’il a suffisamment développé sa sensibilité pour reconnaitre l’importance des relations individuelles, et lorsqu’il sait faire la différence entre l’ «eros» (affection, tendresse, amour) et le désir d’inceste, il n’ a pas de difficultés à nouer avec sa fille des relations chaleureuses et affectueuses. Lorsque l’enfant est toute jeune c’est cet eros qui fera naitre en elle le désir d’épouser son papa. Plus tard, c’est encore sur son père que la jeune fille fera ses premières tentatives de séduction. Arrivée à ce stade, elle sait que son père ne sera pas l’homme de sa vie, mais elle a encore besoin de lui, de ses sentiments et de son affection, pour se donner le droit à ses propres désirs et à sa propre vie sentimentale.
On peut facilement comprendre que l’eros paternel adéquatement manifesté soit l’un des facteurs déterminants dans l’évolution d’une fille. Il sert le développement d’un animus positif qui soutient la confiance en soi et la prise d’initiative.
Et heureusement il semble y avoir de plus en plus de pères conscients de leur rôle. Pourtant ils demeurent une minorité.
Nous assistons plutôt au règne du père manquant. Qu’il soit absent physiquement, absent d’esprit, distant ou carrément abuseur, la relation qu’il offre à sa fille la blesse et elle réagira par la suite en adoptant des comportements qui seront en réaction à l’écorchure, mais qui ne la guériront pas. »
– Extraits de N’y a-t-il pas d’amour heureux – Guy Corneau
Et vous, quel regard votre père vous portait-il lorsque vous étiez enfant puis adolescente ?
Si vous souhaitez savoir comment guérir de la blessure du père absent, inscrivez votre prénom et votre email pour obtenir votre fiche « pour aller plus loin ».
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